
Un second chez-soi : comment Paige Willett a construit le Temple of Eden Dome Retreat avec ses mains et son cœur
Niché dans les bois paisibles de Fenwick, à quelques minutes d’Amherst en Nouvelle-Écosse, Temple of Eden Dome Retreat offre bien plus qu’une escapade douillette : c’est une expérience transformatrice. Imaginé par l’entrepreneure Paige Willett, ce projet unique en son genre est à la fois un refuge de bien-être et une victoire personnelle, bâti (littéralement) par les mains de sa fondatrice.
Une inspiration venue d’une bulle de bien-être
La première étincelle du Temple of Eden est née lors d’un séjour dans un dôme géodésique à Hillsborough, au Nouveau-Brunswick.
« J’ai été tellement inspirée par l’effet revitalisant que ça m’a fait. J’étais comme dans une bulle de bien-être entourée de nature », se souvient Paige. « J’ai toujours gardé dans un coin de ma tête l’idée de lancer un projet comme ça. »
Mais une idée, c’est une chose et passer à l’action, c’en est une autre. En 2021, avec beaucoup de détermination et un peu d’auto-motivation, elle fait le grand saut. « Je me suis donné une petite tape dans le dos. Je me suis dit : “Allez Paige, commence par passer quelques coups de fil.” » L’un de ces appels était destiné à la Corporation au bénéfice du développement communautaire (CBDC) d’Amherst, un appel qui allait tout changer.
Trouver du soutien et se lancer
Grâce à une amie, Paige connaissait déjà la CBDC, mais ne savait pas trop à quoi s’attendre. L’accueil fut immédiat. « J’ai présenté mon idée et j’ai tout de suite été encouragée et bien orientée », dit-elle. L’équipe lui a fourni des modèles de plans d’affaires et l’a accompagnée tout au long du processus. « Ils ont été avec moi du début à la fin. »
En octobre 2021, son plan d’affaires est approuvé et le financement accordé. Cet automne-là, la construction commence.
Mais Temple of Eden n’a pas été bâti par une équipe de construction professionnelle. Il a été bâti par Paige elle-même avec l’aide précieuse de son beau-père, propriétaire de Gray Concrete Foundations.
« C’était juste nous deux, avec quelques ami(e)s et membres de la famille en renfort, raconte-t-elle. On a creusé, construit l’entrée, coulé les dalles de béton… J’ai fait le câblage du plancher chauffant, le système septique, la plomberie, même l’installation souterraine pour les lignes électriques. J’ai aussi créé le site Web et toutes les pages de médias sociaux. »
Elle et son entourage ont même sélectionné à la main chaque pierre utilisée pour le parement intérieur.
« Si vous regardez les photos du dôme, du panneau routier, des murs de pierres, j’ai tout fait. Il y a mes empreintes partout. »
Un refuge pour toutes les saisons
Le Temple of Eden a officiellement ouvert ses portes aux invité(e)s à la fin de 2023, et le bouche-à-oreille a vite fait son effet. D’abord réservés via les réseaux sociaux, les séjours ont rapidement pris une envergure nationale après l’inscription du lieu sur Airbnb.
« Maintenant, j’ai des gens qui viennent de partout. C’est fou », dit-elle en riant. La majorité des invité(e)s viennent de partout au Canada, et certain(e)s sont déjà revenu(e)s une deuxième ou troisième fois.
Le domaine comprend trois dômes, chacun équipé d’un lit grand format et conçu pour assurer un maximum d’intimité. « Je voulais que chaque invité(e) ait l’impression d’entrer dans sa propre petite bulle », explique-t-elle. « Pas besoin de s’enregistrer auprès de qui que ce soit. On arrive et on se détend. »
Contrairement à d’autres hébergements, il est possible de réserver pour une seule nuit au Temple of Eden. « Je ne voulais exclure personne. Peut-être que quelqu’un est simplement de passage, ou peut se permettre une seule nuit. Je voulais que ce soit accessible. »
Chaque dôme est équipé d’un spa au feu de bois, et Paige encourage un cycle bien-être inspiré des spas nordiques : chaleur, froid, repos. Même si elle n’a pas encore installé de douches froides extérieures ni de saunas, ces éléments figurent sur sa liste de souhaits.
« J’ai réfléchi à créer un espace de bien-être commun, ou à ajouter un sauna à chaque dôme », confie-t-elle. « Mais pour l’instant, je me concentre sur l’amélioration de ce que j’ai déjà. »
Communauté, collaboration et perspectives d’avenir
Bien qu’elle gère son entreprise en solo avec parfois un coup de main de proches, Paige reste ouverte à la collaboration avec d’autres entreprises locales. Elle a organisé des concours en partenariat, met en valeur les attraits touristiques de la région sur son site, et envisage d’offrir des paniers-repas ou plateaux de charcuterie en supplément pour les client(e)s. Il y a même un potentiel d’agrandissement futur, si elle choisit d’aller dans cette direction.
Si Paige admet avoir beaucoup appris, parfois à la dure, elle ne changerait pas grand-chose. « Il y a des petits trucs que je peaufinerais, oui, mais dans l’ensemble ? Non. Je referais les choses pareil. »
Une entreprise bâtie à la main et au cœur
Ce qui distingue le Temple of Eden, ce n’est pas seulement la beauté du site ou la quiétude des lieux (bien que ce soit appréciable). C’est l’histoire humaine gravée dans ses fondations.
« Je suis un peu devenue une femme à tout faire », réfléchit Paige. « Il y a eu tellement de défis, mais j’ai tellement grandi. Ma personnalité, ma capacité à prendre des décisions rapidement… tout ça s’est développé au fil du projet. »
Et ce côté pratique n’est pas qu’une métaphore : de la pose des conduits dans le sol froid de la Nouvelle-Écosse au câblage minutieux du plancher, Paige Willett a construit bien plus qu’un refuge. Elle a construit un héritage fait d’efforts, de vision et de confiance en soi.
Pour elle, le succès ne se mesure pas qu’en réservations.
« Ce n’est pas juste une entreprise », dit-elle. « C’est du sang, de la sueur, des larmes et de l’amour dans chaque détail. »