
Un sanctuaire providentiel : comment l’Auberge Edelweiss a fleuri au cœur de la Nouvelle-Écosse
Niché dans le paisible paysage de Mount Hanley, juste à l’extérieur de Middleton, en Nouvelle-Écosse, l’Auberge Edelweiss est bien plus qu’un simple refuge à la campagne. C’est l’incarnation des secondes chances et des détours inattendus. Fondée par Barbara Grumme, une ancienne agente immobilière de Niagara Falls, l’auberge Edelweiss est un véritable témoignage de prise de risques, de créativité et du pouvoir de dire « oui » quand la vie prend un tournant.
« J’ai été agente immobilière pendant environ 30 ans », commence Barbara. « J’aime recevoir, j’aime l’hospitalité… mais au milieu de ce que j’appelle une “crise à mi-parcours”, j’ai participé à un atelier intitulé The Passion Test et d’une façon ou d’une autre, cela m’a orientée vers la gestion d’un gîte touristique. »
À l’époque, l’idée semblait farfelue. « J’ai dit : “Tenir un gîte ? Je ne sais pas cuisiner, et faire le ménage n’est certainement pas dans mon top 5 des choses préférées à faire” », dit-elle en riant. N’empêche, la graine était semée.
Puis, en 2020, la pandémie a bouleversé le monde de Barbara. La COVID-19 a anéanti ses projets d’affaires à Niagara Falls. Son associée est partie vivre en Italie. Son père est décédé. « Tout s’est effondré en l’espace de quelques mois », se souvient-elle.
Au milieu de ce chaos, une amie lui propose un long trajet vers la Nouvelle-Écosse. « Je ne savais même pas qu’elle avait déménagé là-bas », raconte Barbara. Cette visite impromptue a allumé une étincelle. À travers une série d’événements improbables, dont un habitant qui lui suggère une auberge abandonnée qui « correspondait à l’accent de sa compagne », Barbara découvre une propriété fermée depuis longtemps à Mount Hanley. « Au début j’ai dit : “Pas question”, mais je suis un peu tombée amoureuse de la vallée d’Annapolis. Et les choses se sont enchaînées. »
En février 2021, Barbara déménage vers l’est avec une petite équipe composée de sa mère, de son ancienne femme de ménage et d’une compagne allemande douée en cuisine. Ils lancent officiellement l’Auberge Edelweiss en 2023, leur toute première saison complète.
Un chez-soi loin de chez soi
Aujourd’hui, l’Auberge Edelweiss offre 12 chambres douillettes dans un cadre champêtre européen, avec un restaurant sur place servant une cuisine germano-canadienne. Les clients vont des touristes aux familles de militaires (qui visitent la BFC Greenwood toute proche), en passant par des voyageurs internationaux et des locaux à la recherche de calme.
« Environ la moitié de nos visiteurs viennent de la Nouvelle-Écosse, mais nous avons aussi reçu des gens du Québec, de l’Ontario, des États-Unis et même d’Europe », raconte Barbara. « Beaucoup sont des militaires (des ingénieurs ou membres du personnel de la base de Greenwood) et ils viennent hors saison. On est devenus leur petit chez-soi. »
Barbara est loin d’être une propriétaire absente. « Je prépare les déjeuners, j’accueille les invités, je tends des mouchoirs si quelqu’un est là pour des funérailles », dit-elle. « C’est la touche personnelle. On n’est pas juste un numéro, et nos clients non plus. »
Avec près de 2 000 déjeuners servis l’an dernier et des avis élogieux en ligne, le charme de l’Auberge Edelweiss fait clairement son effet.
Du contreplaqué au partenariat éclairé
Malgré ces belles histoires et une communauté qui s’épanouit, le parcours de Barbara n’a pas été sans embûches. « Je perdais énormément d’argent en réparations et en entretien », raconte-t-elle. « Je ne trouvais pas de personnel, j’avais des dettes de construction, et je ne savais plus quoi faire. »
C’est alors qu’elle a contacté Dan Forbes de la Corporation au bénéfice du développement communautaire (CBDC Annapolis Ventures). « Il m’a invitée à son bureau, a regardé mes chiffres, m’a calmée, et m’a dit : “Continue d’avancer. Fais ce que tu sais faire.” »
La CBDC allait jouer un rôle essentiel non seulement comme prêteur, mais aussi comme partenaire et mentor. « Ils m’ont aidée à financer le terrain, à construire des logements pour le personnel, et même à acheter de l’équipement comme un bon four à convection et un tracteur agricole », explique Barbara. « Quand j’appelle Dan, il m’aide à démêler les choses. »
L’approche flexible et humaine de la CBDC a comblé un vide que les banques traditionnelles ne pouvaient combler. « Ils me voient comme une personne, pas juste un dossier sur un bureau. Et ça, c’est rare. »
Ancrée dans la communauté
Au-delà de sa propre réussite, Barbara, fière entrepreneure, est profondément engagée dans l’économie locale. Elle achète ses matériaux de construction localement et fait activement la promotion des attractions régionales, des ateliers d’art aux fermes locales et aux sites historiques.
« Le restaurant n’est pas ouvert tous les jours, alors on encourage nos invités à découvrir d’autres restaurants du coin », dit-elle. Elle s’approvisionne même en produits sans gluten auprès d’une entreprise voisine, Valley Flaxflour. « Quels que soient les besoins (alimentation particulière, hébergement, week-end tranquille), si je peux aider, je le fais. »
Regard tourné vers l’avenir
Même si l’Auberge Edelweiss est déjà un lieu de rassemblement, ayant récemment accueilli un premier petit mariage et plusieurs événements, Barbara voit encore plus loin. Son rêve : construire une maison de deux chambres entièrement accessible en fauteuil roulant pour les invités, ainsi qu’un pavillon événementiel de style grange au fond de la forêt sur sa propriété.
« J’ai déjà le design, le constructeur, tout est dans ma tête », dit-elle. « Il ne me manque que l’argent. » Elle espère que la CBDC pourra l’aider à concrétiser ce projet. « On parle d’ateliers, de retraites de yoga, de fêtes de Noël, de mariages et de funérailles. Il n’y a pas d’espace événementiel quatre saisons comme ça ici. »
Dans un moment d’émotion, Barbara réfléchit à ce que tout cela signifie. « Je n’ai pas d’enfants. Pas de famille. Alors qu’est-ce que je laisse comme héritage ? » se demande-t-elle. « Peut-être que c’est de planter des fleurs, de créer un espace où les gens se sentent bien. Où ils repartent plus heureux qu’à leur arrivée. »
En à peine deux ans, bien des fleurs ont déjà été semées. Et bien d’autres sont encore à venir.