
Des racines mondiales, un sol local : comment l’école DEVI a semé une vision internationale à Mill Village
Dans le paysage rural paisible de Mill Village, en Nouvelle-Écosse — où les routes sinueuses traversent forêts et rivières — se dresse une école à l’empreinte étonnamment mondiale. L’école DEVI, ou DEVI International Boarding School, semble peu probable dans une communauté de moins de 500 habitants. Pourtant, depuis sa fondation en 2017, cette école en internat complet est devenue un carrefour international pour les familles pratiquant la méditation Sahaja Yoga, accueillant des élèves de plus de 30 pays.
Ce qui rend l’école DEVI remarquable, ce n’est pas seulement sa diversité ou son ancrage spirituel : c’est l’histoire d’un petit groupe de visionnaires qui ont bâti, presque à partir de rien, une institution éducative florissante dans l’un des coins les plus paisibles de la Nouvelle-Écosse.
Une vision prend racine
Les premières graines de l’école DEVI ont été semées en 2016 par Marcel, son épouse Mary, ainsi qu’une équipe d’éducateurs et de praticiens partageant une même vision : celle d’une éducation différente — intégrant la rigueur académique, la méditation quotidienne et un fort sens de la citoyenneté mondiale. « Nous savions que des écoles similaires existaient », se souvient Marcel, « mais il n’y avait rien pour les élèves de la 6e à la 12e année, surtout en Occident. Nous voulions travailler avec des jeunes un peu plus âgés. »
Aujourd’hui, Marcel agit à la fois comme trésorier de l’organisme à but non lucratif et directeur général de l’école, tandis que son épouse Mary en est la directrice. Ensemble, ils dirigent une équipe de plus de 20 employés, incluant enseignants, responsables des dortoirs et personnel de cuisine, tous engagés auprès d’environ 65 élèves en internat à temps plein.
Ce qui distingue l’école DEVI
L’école suit le programme scolaire officiel de la Nouvelle-Écosse (et fait partie des sept établissements privés de la province autorisés à délivrer un diplôme d’études secondaires), mais ce qui la distingue, c’est son enracinement dans la méditation Sahaja Yoga. Les élèves commencent et terminent chaque journée par 30 minutes de méditation silencieuse, créant une atmosphère de calme et d’équilibre perceptible dès l’arrivée.
« Nos enfants sont vraiment calmes », remarque Marcel. « Même les visiteurs le remarquent. Un électricien local venu faire des travaux était tellement impressionné qu’il a demandé comment inscrire son propre enfant. »
Et l’attrait est évident : un diplôme canadien reconnu pour sa qualité académique, combiné à une pratique spirituelle holistique, attire des familles de Chine, d’Australie, de Turquie, d’Inde, d’Europe et des Amériques.
D’un dollar à une cour d’école pleine de rêves
Le démarrage n’a pas été simple. Le bâtiment principal — celui de l’école — a été acquis auprès de la municipalité de la région de Queens pour seulement un dollar. Une belle occasion, certes, mais qui
posait de nombreux défis logistiques, notamment en matière de logement. Avec l’arrivée de nouveaux élèves, il fallait rapidement trouver des solutions d’hébergement.
Bien que les banques traditionnelles aient manifesté un certain soutien, elles sont aussi restées prudentes. « Elles levaient les bras au ciel », se souvient Marcel. « Elles nous disaient : “On aimerait aider, mais vous êtes nouveaux. Vous n’avez aucun actif.” »
C’est alors que South Shore Opportunities (CBDC) est intervenu. Grâce à l’appui de Krista Harding et Alyssa Ingram, l’école a obtenu le financement nécessaire pour acheter une maison unifamiliale voisine afin de la transformer en dortoir.
« Une fois le prêt de la CBDC obtenu, ça a déclenché un effet domino », explique Marcel. « Aujourd’hui, nous possédons une rangée de maisons côte à côte et avons formé un petit hameau pour nous-mêmes. C’est très, très pratique. »
Même aujourd’hui, l’école maintient un petit prêt auprès de la CBDC, en raison de ses taux d’intérêt avantageux. Et Marcel n’exclut pas une nouvelle collaboration : « À mesure que l’école DEVI se développe et a besoin de capital, il est fort possible que j’appelle Alyssa. »
Une croissance intentionnelle
De 24 élèves en 2017 à 65 aujourd’hui, la croissance de l’école DEVI a été rapide — mais réfléchie. L’espace physique reste la principale limite : les installations scolaires peuvent accueillir plus de 100 élèves, mais la capacité d’hébergement est limitée à 70. L’école affiche donc actuellement une liste d’attente.
Mais les dirigeants restent centrés sur la qualité, pas sur la quantité. « Nous voulons être une bonne école, pas forcément une grande école », dit Marcel. « Nous tenons vraiment à maintenir la qualité. »
Le recrutement du personnel reste un défi, la majorité des employés de DEVI venant de l’étranger. Malgré cela, l’école a établi une relation solide et positive avec la communauté locale. « Nous avons tissé des liens avec les pompiers du coin, le garage, les bricoleurs. Nous entretenons aussi d’excellentes relations avec les écoles publiques de la région. Même l’épicerie locale invite notre personnel à prendre du gâteau et du thé », raconte Marcel en souriant. « Ce que nous avons ici, c’est vraiment une belle chose. »
Regarder vers l’avenir
Au fil des prochaines années, l’école DEVI prévoit une croissance modérée, avec l’ajout potentiel d’une autre maison au campus. Mais par-dessus tout, sa direction reste engagée à maintenir l’accessibilité et la concentration de l’établissement. En tant qu’organisme sans but lucratif, DEVI s’efforce de garder les frais de scolarité bas, sachant que les parents doivent déjà couvrir les coûts liés aux déplacements internationaux.
Alors que l’école continue de s’épanouir à Mill Village, ses fondateurs espèrent inspirer d’autres initiatives similaires. « Nous recevons des demandes d’information », note Marcel. « Mais fonder une école à partir de rien, c’est un défi. Il faut les bonnes personnes. C’est un travail d’équipe. »
D’un bâtiment à un dollar à une communauté internationale, l’école DEVI témoigne de ce qui est possible lorsque la vision, la communauté et les bons partenaires se rencontrent.